GOV’T MULE: Revolution Evolution Come, Revolution Go (2017)

La sortie d’un nouvel album de la Mule s’apparente toujours à un événement à sensation, ce groupe étant devenu une institution incontournable du monde musical. Ce disque revêt un caractère particulier car il est dédié à Butch Trucks et les musiciens ont commencé son enregistrement au Willie Nelson Studio à Austin le jour même de l’élection présidentielle américaine (dont le résultat semble avoir catastrophé Warren Haynes). Le père Warren et ses potes nous proposent un éventail musical relativement varié. Un blues-rock mid tempo un poil funky avec une guitare wah wah (« Stone cold age »). Un blues lent « nouvelle vague » avec une intro rappelant bizarrement AC/DC, un solo bluesy et costaud dont Warren Haynes a le secret et un final accéléré comportant un véritable festival de six-cordes (« Drawn that way »). Un morceau funk au rythme médium orné d’une guitare feutrée (« Sarah, surrender »). Un rhythm’n’blues au tempo moyen qui bénéficie de la présence de Jimmie Vaughan et de sa sonorité si caractéristique (« Burning point »). Tout cela est excellent ! Mais la perfection n’existe pas et quelques titres font un peu office de remplissage comme « Revolution come, revolution go » (une sorte de jazz-rock mid tempo) ou le traditionnel « Dark was the night, cold was the ground » (repris ici dans une version blues-rock assez banale).Cependant, ces légers défauts s’estompent rapidement à l’écoute du reste de l’album. Warren Haynes et son groupe se sont toujours surpassés avec des morceaux mélodiques. Et là, on n’est pas déçu ! La splendide ballade soul « Pressure under fire » fait forte impression avec un superbe solo de guitare. Encore de la soul mais cette fois sous forme de slow avec « The man I want to be ». Sur ce titre, Warren lâche un solo dans l’esprit de ses prestations au sein de l’Allman Brothers Band. L’ombre de ce groupe mythique plane également sur « Traveling tune » (une ballade lente aux accents country avec un solo typique du fabuleux guitariste). La belle ballade nostalgique « Dreams and songs » est sublimée par la slide magique de Warren. Un grand moment ! Enfin, le slow mélodieux « Easy times » touche directement au cœur avec une délicate intro de guitare et un solo passionné débordant de feeling. Á pleurer ! Décidément, les mecs de Gov’t Mule sont toujours au sommet de leur art ! L’édition dite « Deluxe » propose en plus un deuxième cd comportant une version alternative de « Revolution come, revolution go » et deux prises « live in the studio » (« The man I want to be » et « Dark was the night… »). Honnêtement, on pouvait s’en passer ! Viennent s’ajouter trois titres supplémentaires relativement dispensables. En effet, « What fresh hell » et « Click-track » n’apportent pas grand-chose et le slow bluesy « Outside myself » ne vaut que par le solo de guitare. Les fans de Gov’t Mule en proie à des soucis financiers pourront donc faire l’impasse sur ce bonus superflu et réaliser quelques économies en se procurant le simple CD qui les contentera largement. Décidément, rien ne change. Quand on aperçoit les longues oreilles de la Mule, on sait qu’on va passer un bon moment !

Olivier Aubry